François Bayrou en rêvait, Nicolas Sarkozy l’a fait. Au nom de l’unité nationale, il a ouvert son gouvernement à des hommes venus du centre et de la gauche, il a repris la politique de VGE tendant à donner un vrai statut à l’opposition, et il multiplie, non sans malice, les offres de mission à des ténors du parti socialiste. Tout citoyen ne peut que se réjouir que des personnalités de la qualité de Bernard Kouchner ou de Martin Hirsch reçoivent enfin des responsabilités dignes de leur talent. Mais quelle peut être la vraie portée politique de cette ouverture ?
En dépit des apparences, et du vocabulaire, nous sommes loin de « l’ouverture » pratiquée par François Mitterrand en 1988. Celle-ci s’apparentait à un vrai élargissement des alliances politiques. A l’époque, l’entrée de plusieurs ministres issus de toutes les composantes de l’UDF dans le gouvernement de Michel Rocard s’était accompagnée d’une scission du groupe parlementaire de l’UDF, les centristes constituant leur propre groupe autour de Pierre Méhaignerie, Jacques Barrot, Bernard Bosson, avec notamment le jeune François Bayrou. Cela permit pendant trois ans à Michel Rocard de faire voter ses textes, tantôt avec le soutien du PC, tantôt avec celui des centristes : il s’était bel et bien bâti une véritable majorité de rechange. Cette attitude ouverte lui permit de maintenir une popularité inégalée pendant trois ans … mais en renvoyant aux calendes grecques les réformes les plus difficiles, comme celle des retraites.
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