De gauche, de droite et d’extrême droite, les partis politiques français engagent la campagne des élections européennes en se disputant le slogan de « l’Europe qui protège ». En pleine crise économique, c’est bien ce que les Français attendent d’elle. Plus étonnant, et plus navrant, est l’unanimité qui semble se refaire spontanément pour faire de « Bruxelles » le bouc émissaire de nos malheurs, réels ou imaginaires. Et chacun de se délecter de l’affaire de la composition du vin rosé, avec une conclusion unanime : « mais pourquoi l’Europe s’occupe-t-elle de pareilles broutilles, au lieu de se concentrer sur l’important ? ».
Revient alors dans les mémoires, et dans tous les discours, le fameux règlement européen sur la fabrication des fromages au lait cru. Dix-sept ans après, la formidable philippique de Charles Pasqua fait encore trembler les esprits faibles. Quoi ! Les technocrates de Bruxelles prétendraient apprendre à nos vaillants producteurs comment on fait le vacherin ? Mugissez, bovins, ricanez sonnailles ! Quelle mouche a piqué ces ronds-de-cuir ? Mais tout simplement … les représentants des producteurs français. Car un fromage au lait cru mal fabriqué peut transmettre la redoutable listériose, une maladie mortelle, qui frappe encore de temps en temps. Saisissant ce prétexte, nos partenaires européens interdisaient l’importation de ces fromages français. Le seul moyen de les rassurer était de transformer le règlement français sur la fabrication des fromages au lait cru en règlement européen. Voilà qui fut fait, et qui permit à nos éleveurs d’élargir leur clientèle, pour la plus grande satisfaction des producteurs, des consommateurs, de notre balance commerciale … et des démagogues allergiques à l’Europe.
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