A la veille de la nouvelle campagne européenne, prenons un moment pour jeter un regard sur la mandature qui s’achève. Une période qui donne le vertige.
En 2004, l’enjeu des élections européennes était évident : l’Union européenne avait cinq ans pour essayer de rattraper son retard. Retard de son économie, engluée dans une croissance lente, qui contrastait avec les résultats spectaculaires des puissances émergentes et le dynamisme persistant des Etats-Unis. Retard de son organisation, le grand élargissement à l’Est ayant finalement précédé l’adaptation des institutions, qui aurait dû être un préalable : l’Europe politique des 25 continuait de fonctionner selon les règles du petit Marché commun des Six d’il y a cinquante ans ! Retard dans sa diplomatie, trop souvent divisée ou absente sur les grands enjeux internationaux. Pour les peuples d’Europe, ces retards cumulés devenaient une source d’inquiétude croissante, à une période où l’accélération de la mondialisation accentuait le contraste entre un monde en pleine transformation et un continent qui peinait à se mettre en ordre de marche pour affronter les défis du nouveau siècle.
Et, de fait, au lendemain des élections de 2004, toutes les conditions semblent réunies pour donner à l’Union le nouvel élan tant attendu. Les 12 nouveaux membres intègrent la famille avec une facilité impressionnante. Fort de sa légitimité démocratique, le Parlement impose pour la première fois au Conseil européen son propre candidat à la présidence de la Commission, le jeune José-Manuel Barroso. La nouvelle Commission entreprend très vite de relancer la « stratégie de Lisbonne », le grand rattrapage de la compétitivité mondiale, et d’assouplir le pacte de stabilité pour le rendre plus favorable à la croissance. En octobre, le Conseil européen signe à Rome le projet de traité constitutionnel, conçu pour doter la grande Europe des institutions efficaces et démocratiques dont elle a évidemment besoin.
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