Pourquoi il est important d’aller voter aux élections européennes? , France Info 09/05
Européennes : Il est important de voter car “le Parlement européen est maintenant un lieu de décision” explique le député européen Alain Lamassoure
Alain Lamassoure, fervent défenseur de l’Europe, a donné cinq raisons pour inciter les jeunes d’aller voter.
Moins d’un jeune sur quatre s’apprête à voter pour les européennes, selon une enquête de l’institut de sondage Ifop. Alain Lamassoure, ex-LR, achève son cinquième et dernier mandat au Parlement européen. Ce fervent défenseur de l’Europe, ancien ministre des Affaires européennes, explique jeudi 9 mai sur franceinfo qu’il est important de voter car “le Parlement européen est maintenant un lieu de décision” et que le “modèle européen” est le seul à essayer de “concilier la liberté et la justice sociale”.
franceinfo : Vous allez voter pour quelle liste ?
Alain Lamassoure : Je vais voter pour la liste dite Renaissance conduite par Nathalie Loiseau parce que pour moi, le choix est simple. L’Europe traverse une période extraordinairement difficile. Autour de la table du Conseil européen malheureusement, le président Macron au milieu de ces 27, et demain 26 partenaires, est assez isolé en pointe sur les grands dossiers européens et donc il est souhaitable qu’il soit soutenu au Parlement européen. Et une des choses que la plupart des électeurs n’ont pas réalisée, c’est que le Parlement européen est maintenant un lieu de décision. Il n’y a aucune loi européenne qui peut être adoptée et entrée en vigueur s’il elle n’est pas adoptée de manière conforme par le Parlement.
Pourquoi la vie politique entre Strasbourg et Paris est-elle aussi différente ? Vous avez connu les deux et il vous est arrivé souvent de voter socialiste au parlement européen alors que vous êtes PPE.
Oui souvent, et je dirais même le plus souvent avec les Verts. La vie politique nationale et la vie politique européenne c’est aussi différent que le jeu de dames et le jeu d’échec. J’ai été député national, j’ai été ministre. Dans la vie politique nationale, c’est simple, c’est manichéen, il y a le bien et il y a le mal. Vous êtes député de la majorité : sans même avoir lu le texte proposé par le gouvernement, vous savez que vous allez le voter. Dans l’opposition, sans même l’avoir lu, vous savez qu’à la fin vous allez voter contre. Et puis, on se livre à des joutes magnifiquement télévisées dans lesquelles on s’envoie des noms d’oiseau. Au Parlement européen c’est le contraire, nous sommes huit groupes politiques. Il faut constituer une coalition pour avoir une majorité et donc, en tant qu’élu de droite et rapporteur d’un dossier, mon premier réflexe était d’aller voir mon principal adversaire socialiste pour lui demander de quoi tu as besoin dans ce texte. Et on arrivait à des compromis. Et pas des compromis boiteux. Le Parlement européen adoptait des textes très importants, très engagés, très clairs sur le plan politique sur des sujets aussi différents que le statut des travailleurs étrangers détachés ou le règlement général sur la protection des données. Nous y parvenons en négociant entre 751 députés répartis en 8 groupes politiques, représentant 28 pays et parlant 24 langues.
Est-ce que vous avez un argument pour inciter les jeunes à voter ?
Je vous en donnerai cinq. Premièrement, l’Europe, c’est la paix. Ça veut dire que vous êtes jeunes, vous avez 18 ans, vous n’êtes plus obligés d’aller faire votre service militaire. Deuxièmement, vous ne pouvez plus vous passer de smartphones, de tablettes etc. dans ce domaine, c’est grâce à l’Union européenne que vous avez les tarifs les plus bas du monde et que vos données personnelles sont protégées. Troisièmement : toute la réglementation en matière d’environnement sont des réglementations européennes avant d’être des réglementations nationales. Quatrièmement : vous êtes attachés aux droits de l’homme, à la dignité humaine, à l’égalité des genres. Il n’y a plus que l’Europe sur la scène mondiale, depuis que Trump est président des États-Unis, qui porte ces grandes valeurs. Et enfin, cinquièmement : notre modèle économique et social européen. Vous avez aujourd’hui dans le monde le modèle chinois où il y a la prospérité mais pas la liberté. Vous avez le modèle américain où il y a la liberté mais pas la protection sociale de l’individu. Et vous avez le modèle européen qui essaie tant bien que mal, ce n’est pas idéal mais tout de même, de concilier la liberté et la justice sociale.