MENACE NUCLÉAIRE SUR L’EUROPE

MENACE NUCLEAIRE SUR L’EUROPE

Voilà trente ans que l’Europe est soulagée de la menace d’une guerre nucléaire sur son sol. A la fin de la guerre froide, le président Reagan et Mikhail Gorbatchev ont signé le traité qui a abouti à la destruction des missiles nucléaires basés en Europe ou pointés sur l’Europe. 3 000 armes d’apocalypse ont ainsi été démantelées. Les deux super-puissances ont conservé leurs missiles intercontinentaux, à longue portée, par lesquels elles se tiennent directement en respect, mais elles ont renoncé à faire de l’Europe leur champ de bataille nucléaire.

Or, voilà que leurs successeurs réveillent le monstre.

Vladimir Poutine, d’abord, en déployant à terre des missiles nucléaires initialement conçus pour des combats en mer. Les protestations de l’OTAN sont restées lettre morte.

Et aujourd’hui, Donald Trump, en campagne électorale, en jetant tranquillement tout le traité à la corbeille. Les protestations de Bruxelles et de Paris n’ont pas même eu droit à un tweet d’accusé réception.

Pour la sécurité de l’Europe, c’est un dramatique bond en arrière. Le feu vert est donné au lancement d’une nouvelle course nucléaire entre Américains et Russes, concentrée sur l’espace compris entre l’Atlantique et l’Oural.

C’est la goutte d’eau lourde qui fait déborder le vase. Nous savions depuis George Bush et Barak Obama que le voisinage est et sud de l’Europe ne représentait plus un intérêt stratégique majeur pour les Etats-Unis. Pour l’actuel occupant du Bureau Ovale, le territoire européen relève du droit de la haute mer : chaque super-puissance y promène ses armes de destruction massive au gré de ses intérêts ou de sa fantaisie.

Un tel mépris des alliances historiques et du droit international doit achever d’ouvrir les yeux des plus myopes de nos partenaires. Avec ou sans l’OTAN, nous ne pouvons plus compter sur la garantie de sécurité américaine. La France est désormais la seule puissance nucléaire de l’Union. C’est à elle de prendre l’initiative de la nouvelle dimension dont a besoin le projet européen : la sécurité extérieure, dont les trois piliers doivent être naturellement une politique étrangère commune, une défense commune, et une action internationale commune contre la prolifération nucléaire. Tous les citoyens applaudiront.

 

Alain LAMASSOURE