Tous Européens !

Si le Président Macron veut nous parler de l’Europe version « nouveau monde » par rapport à l’Europe dont parlait « l’ancien monde », qu’il ne présente pas le débat européen comme opposant les pro-Europe et les anti-Europe. Ce débat-là est aussi vieux que la construction européenne, et il est complètement dépassé.

Même pour ceux qui détestent l’Union européenne. Même pour le FN et ses amis politiques européens. Souvenez-vous du scandale Luxleaks et des Panama Papers. Les plus grosses multinationales mondiales – américaines, chinoises, japonaises, comme d’ailleurs européennes – avaient réussi à échapper à tout impôt direct à la faveur de la « mondialisation ». Le Parlement européen a proposé un plan d’action pour y mettre fin. Avec un cadre fiscal commun pour toute l’Europe. Tous les députés européens du FN ont voté pour.

Ainsi qu’un certain Matteo Salvini, qui était encore eurodéputé avant de devenir le flamboyant ministre de l’Intérieur italien. Pas de justice fiscale mondiale sans l’Europe !

Salvini, parlons-en. Comme Donald Trump, c’est un adepte du tweet compulsif et il a l’insulte plus facile que l’euphémisme. Mais sur l’immigration, toute son action est un pathétique appel au secours adressé à l’Union européenne : pas de maîtrise des flux migratoires sans l’Europe !

Lundi dernier, à l’ouverture de notre session de Strasbourg, le porte-parole du FN prend la parole pour demander que le Parlement se préoccupe des sanctions américaines contre l’Iran et de ses conséquences pour nos entreprises. Ce que l’Union a déjà commencé à faire. Contre l’hégémonie américaine, qu’elle se présente avec le sourire d’Obama ou le rictus de Trump, rien n’est possible sans l’Europe ! MLP avait déjà dû renoncer à demander la sortie de la France de la zone euro : ses électeurs ne la suivaient plus. Ses troupes comprennent aujourd’hui que l’intérêt national français est que l’euro se substitue peu à peu au dollar.

Un ancien Premier ministre finlandais résume ainsi la situation : « Nous sommes au XXIe siècle. Être contre l’Europe, c’est comme être contre Internet. » Le vrai débat politique n’est pas de savoir si on aime ou on n’aime pas Internet, si on aime ou on n’aime pas l’Europe, c’est qu’est-ce qu’on en fait ?