[VIDEO] COUP D’ARRÊT AU POPULISME DÉMAGOGIQUE
COUP D’ARRÊT AU POPULISME DEMAGOGIQUE
Aucun gouvernement n’avait osé, le Parlement de Strasbourg l’a fait : à une majorité écrasante de deux tiers des voix, il a ouvert la procédure exceptionnelle de sanctions contre le gouvernement hongrois de Viktor Orban.
Le pouvoir enivre. Le pouvoir trop longtemps détenu sans contrepoids solide et sans opposition crédible peut faire basculer peu à peu les esprits les mieux trempés dans la tentation autoritaire.
Il y a trente ans, Viktor Orban était le jeune héros de la lutte anti-communiste à Budapest. Il est maintenant dans son quatrième mandat de Premier ministre. Ignorant désormais tous les garde-fous démocratiques, il place des hommes à lui partout, dans les fonctions publiques, dans l’économie, dans les médias, dans tous les tribunaux, dans les universités. Il entretient une campagne aux accents antisémites contre le mécène américain Georges Soros, qui finança pourtant ses débuts politiques. Il entretient la nostalgie revancharde chez les magyarophones des pays voisins. Bref, il considère que la majorité parlementaire lui donne tous les droits, alors même que le régime démocratique est conçu pour protéger la minorité contre la dictature d’une majorité. Or cette tentation autoritaire se propage aujourd’hui comme un virus sans frontières.
C’est pourquoi, le vote massif du Parlement est un revers sévère pour un dirigeant qui se présentait comme un leader de la nouvelle Europe. S’y ajoute la mise en minorité au sein même de sa propre famille politique, le PPE, qui met fin à ses rêves de hold-up sur les droites modérées d’Europe.
Le même jour, à une majorité aussi large, le Parlement européen a frappé une autre cible : les GAFAs, en étendant la protection des droits d’auteurs aux plateformes numériques, malgré un formidable lobbying commun des multinationales américaines et des internautes libertaires d’extrême gauche.
A quelques mois de élections européennes, certains se demandaient encore à quoi sert le Parlement de Strasbourg. La réponse est claire : à défendre nos valeurs communes, contre les plus redoutables menaces, venues de l’intérieur, comme de l’extérieur.
L’Europe est de nouveau debout. La parole est maintenant aux chefs d’Etat et de gouvernement. Espérons que le courage aussi sera contagieux.
Alain Lamassoure