Crise des migrants en Italie : “Le ridicule le dispute à l’odieux” (Franceinfo)

Retrouvez mon interview chez Franceinfo d’hier soir ci-dessous.

 

franceinfo : Quel est le message envoyé à l’Italie par les dix pays européens : vous n’êtes pas les maîtres de l’Europe ?

Alain Lamassoure : Oui, bien entendu. La méthode de l’ultimatum consistant à dire “Il faut que les autorités européennes décident, sinon nous ne participons plus au financement de l’Europe” est ridicule. Ça n’a jamais fonctionné et c’est contre-productif. C’est un bateau des garde-côtes italiens et on ne va pas se lancer, chaque fois qu’un bateau amène des migrants dans un port italien, dans une négociation pour savoir comment on va répartir les personnes entre les 27 pays européens

Pour vous, c’est donc une affaire italo-italienne ?

C’est une affaire qui devient italo-italienne. Le ridicule le dispute à l’odieux. C’est odieux vis-à-vis de ces malheureux et c’est totalement ridicule. D’ailleurs, au sein même du gouvernement italien de coalition, les tensions deviennent maintenant très fortes. On a l’impression, vu de l’extérieur, qu’en réalité ils préparent de prochaines élections italiennes parce que cette coalition ne durera pas. Elle va exploser au plus tard au moment de la présentation du budget de l’année prochaine, pour lequel il y a des idées totalement opposées entre les partis. Au fond, Matteo Salvini profite de la popularité que lui a donnée sa position démagogique vis-à-vis des migrants pour essayer d’améliorer sa situation électorale.

La question des migrants sera-t-elle centrale pour les prochaines élections européennes ?

Oui et c’est la raison pour laquelle il devrait y avoir une forte incitation entre les dirigeants modérés des pays européens, qui sont encore majoritaires, pour se mettre d’accord afin de trouver une solution durable. Cela permettrait que les élections européennes de mai prochain se fassent avec une véritable politique européenne migratoire définie se mettant en place. Ainsi, chaque parti pourrait se positionner vis-à-vis d’elle. Si ce n’est pas le cas, on risque d’assister à de nouvelles percées populistes et extrémistes comme il faut s’y attendre en Suède dans les quinze jours qui viennent, lors des élections nationales.”

Lire l’article (source : Franceinfo)