L’annonce d’un projet d’emprunt national est un nouvel exemple de l’habileté tactique de Nicolas Sarkozy. Aidé – hélas – par l’inculture économique de nos compatriotes, il transforme le péché mortel du surendettement national en un remède miracle pour financer des investissements d’avenir inédits. Au lieu de tourner en rond dans des manifs mensuelles impuissantes contre les méfaits de la crise, les partenaires sociaux sont invités à travailler sur de nouvelles idées de dépenses, pour lesquelles aurait été trouvé un financement miraculeusement indolore, vertueux et quasi illimité. Le contribuable, qui avait toutes les raisons de craindre que la montagne de dettes débouche sur une augmentation de sa charge fiscale, se retrouve transformé en épargnant vertueux, qui sera financièrement récompensé de sa contribution valeureuse et civique au redressement national. Ce faisant, le Président gagne du temps pour faire patienter l’opinion, jusqu’à ce que le plan de relance décidé il y a quelques mois commence réellement à produire ses effets positifs.
Cet emprunt « politique », au sens fort du terme, comporte un risque : celui de ranimer dans l’esprit de nos compatriotes, toujours trop prompts à s’exonérer des efforts nécessaires, l’idée qu’il existe à nouveau une « cagnotte » propre à régler nos problèmes sans douleur. On se souvient du débat surréaliste auquel avait donné lieu, sous le gouvernement Jospin, l’apparition inattendue d’une réduction de l’énorme déficit budgétaire de l’époque : majorité et opposition avaient alors rivalisé pour proposer des dépenses nouvelles, en confondant dans une commune allégresse un moindre déficit et un pactole de ressources nouvelles !
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