Que tout ce que notre pays compte d’eurosceptiques voient dans l’Europe l’origine de tous nos malheurs est dans l’ordre des choses. La manière dont la campagne européenne s’engage ou, plus exactement, ne s’engage surtout pas, dans les partis de gouvernement est plus surprenante et plus inquiétante.
Le PS et l’UMP sont tentés de surfer sur le ressentiment anti-européen ambiant ; les centristes de L’Alternative ne sont pas au début d’un commencement d’une pensée européenne. Dans tous les cas, le logiciel européen n’a pas été renouvelé depuis une bonne quinzaine d’années. Or, entre-temps, tout a changé ! Pour poser les vraies questions, mettons nos horloges à l’heure de notre temps.
1 – La question première : « Europe ou pas Europe ? », « Plus d’Europe ou moins d’Europe ? », continue d’occuper les discours. Cessons d’y perdre notre temps. L’histoire y a répondu. Miracle inespéré de la construction européenne, la paix en Europe et la réconciliation entre nos peuples sont désormais acquises. Avec ou sans traité, les frontières internes s’évanouissent. Elles sont submergées par les touristes, les étudiants, les travailleurs, les familles, les marchandises, les services, les informations qui circulent librement dans un continent enfin en paix. L’espace économique désormais pertinent pour nous en ce XXIe siècle, c’est le continent européen. Nous devons y aménager les services publics et les politiques publiques qui y sont nécessaires : les règles du jeu de la concurrence économique, le cadre de la compétitivité, la monnaie, l’énergie, le contrôle des frontières européennes… Ce que nous bâtissons, ce n’est pas les Etats-Unis d’Europe; c’est une communauté d’Etats voisins organisant leur vie en commun et leur action en commun sur la scène mondiale pour y défendre ensemble leur sécurité, leurs intérêts et leurs identités. Après un demi-siècle de vie commune, nous sommes liés par 8 000 lois européennes. Allons-nous les abroger ? Evidemment non ! La monnaie commune nous préserve contre la malédiction des guerres monétaires que nous nous livrions: allons-nous y renoncer? Hérésie.
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