L’identité nationale se forge autour d’une histoire – ou plutôt de morceaux choisis d’une histoire interprétée d’une manière jugée politiquement correcte selon la mode du moment -, et de références culturelles, sociales, politiques communes.
Dans l’imaginaire français, dans notre inconscient collectif, l’origine de la France moderne, le «big bang» fondateur, c’est la Révolution de 1789. La philosophie des Lumières qui l’a inspirée : victoire de la Raison et de la science contre la « pensée magique » de la religion. Les principes qu’elle a gravés au fronton de nos mairies : liberté, égalité, fraternité. L’abolition de toutes formes de privilèges, proclamée dans l’enthousiasme de la Nuit du 4 août. La République, symbole de démocratie égalitaire, d’unité nationale et de laïcité jalouse. La Ve République elle-même n’a pas ébranlé ce socle, bien au contraire : malgré le climat de « guerre civile froide » qu’ont longtemps entretenu la droite et la gauche, toutes deux ont pieusement communié dans le rappel obsessionnel de ces valeurs fondatrices.
Malheureusement, cette image que nous nous plaisons à entretenir de nous-mêmes et que nous prétendons projeter sur les autres est devenue le plus déformant des miroirs.
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