Un toboggan : c’est l’impression qu’une grande partie des militants de la majorité présidentielle ressentent depuis l’automne 2009. Les sévères défaites électorales successives des printemps de 2010 et 2011 ont confirmé ce qu’expriment obstinément les sondages et, plus encore, ce que disent nos électeurs lors des porte-à-porte : la confiance est profondément rompue avec une partie des électorats séduits, voire enthousiasmés, par Nicolas Sarkozy en 2007.
En fond de tableau, bien sûr, dominent la crise économique, ses ravages sociaux et la politique de rigueur qu’elle exige. Au premier plan, le jugement a été brouillé par les images changeantes et peu compréhensibles des sujets ressassés par le pouvoir devant l’opinion : l’inutile suspense d’un remaniement ministériel choisi, se transformant en remaniement subi ; l’obsession des thèmes de la sécurité et de l’immigration, ressentie par l’électorat comme un aveu d’impuissance de la part de ceux qui en parlent comme s’ils étaient dans l’opposition, alors qu’ils sont en charge depuis dix ans ; la résurrection insolite du débat historique sur la laïcité, divisant publiquement le sommet de l’Etat ; et aujourd’hui l’adoption de réformes fiscales opposées à celles qui avaient été votées à l’été 2007. Quand les dirigeants eux-mêmes mettent tant d’obstination à insister sur leurs échecs, comment s’étonner qu’on oublie leurs réussites, intérieures et extérieures, même les moins contestables ?
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